Les Matrices de sceau en ivoire de morse : Histoire symbolique d’un objet d’exception (Xe-XVe siècle). Préface de Michel Pastoureau.

Pour les historiens de l’art, et en particulier pour les médiévistes, évoquer l’ivoire c’est le rattacher systématiquement à des objets réalisés en ivoire d’éléphant et non pas de morse. C’est probablement pourquoi les matrices de sceau tirées des canines du morse n’ont pas encore fait l’objet d’une véritable étude. Celle de Pierre Bureau se fonde sur l’établissement d’un catalogue couvrant la période du Xe au XVe siècle, mais il met surtout l’accent sur les XIe et XIIe siècles. Ce catalogue est précédé d’une analyse de la morphologie des précieuses canines, des sources témoignant de leur commerce très actif, et de la fascination ou de la crainte qu’a inspirée cet énorme animal marin du XIIIe siècle jusqu’à la Renaissance. La vocation de ces luxueuses matrices était de prendre place dans le trésor de grandes abbayes et de riches chapitres cathédraux. Elles leur servaient à sceller, dans une matière noble, soyeuse et venue de loin, des actes perpétuant la memoria d’un saint particulièrement vénéré.
L’enquête de Pierre Bureau repose sur une approche neuve. C’est en effet la forme même des cires originales qui, en tant que marqueur, lui a permis de reconnaître qu’elles étaient issues d’une matrice en ivoire de morse. La raison en est simple : le contour de ces empreintes est piriforme, « en forme de poire ». Or ce n’est qu’à partir d’une tranche réalisée dans la partie la plus effilée de la canine de l’animal que pouvait être obtenue une matrice présentant une telle forme. Délibérément ouvert, le présent catalogue offre de nouvelles pistes de recherche aux médiévistes, en attendant la mise au jour de nouveaux sceaux piriformes qui sommeillent, oubliés, dans nos dépôts d’archives et nos bibliothèques.

Pierre Bureau, médiéviste de formation, est archiviste aux Archives nationales à Paris. Il a publié en 2012, dans cette même collection, « Le symbole et son histoire », un ouvrage portant sur un chirographe atypique réalisé en 1177 : Couper le corps du Christ en deux. Sens et fonctions symboliques d’un chirographe figuré du XIIe siècle. Il proposait pour la première fois l’étude d’une devise exceptionnelle, constituant un véritable unicum. Actuellement ses travaux concernent le corps et son image, tant ici-bas que dans son devenir. Il élabore par ailleurs une synthèse de nos connaissances sur la sigillographie martinienne.

Couverture : Matrice du sceau en ivoire de morse du chapitre de la cathédrale de Sens (avant 1191) ; Musées de Sens, inv. 91.17.1 (Cl. MdC. Musées de Sens)

Fiche Technique

Année de parution: 2022 Pagination: 240 p. dont 64 p. couleur
Format: 15 x 22 cm ISBN: 978-2-86377-281-2

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