Collection dirigée par Michel Pastoureau. Ouvrage collectif.
Depuis deux ou trois décennies, les historiens de l'art font appel à un terme et à une notion dont leurs devanciers n'usaient qu'avec parcimonie : le programme. Au Moyen Âge ce mot est inconnu, tant en latin que dans les langues vernaculaires. Quant à la notion, si tant est qu'elle existe, elle s'exprime par un grand nombre de vocables recouvrant des entreprises et des pratiques différentes. Par là même, est-il légitime et pertinent de recourir à ce concept de programme en histoire de l'art médiéval ?
Plusieurs chercheurs - archéologues, historiens de l'architecture, de la sculpture, de la peinture, de l'enluminure, du vitrail et de la littérature - se sont posés cette question et ont souhaité en débattre lors de deux journées d'étude. Celles-ci se sont tenues à Paris, à l'Institut national d'histoire de l'art, en novembre 2006 et en mars 2008. Certains intervenants ont démontré combien solliciter une telle notion pouvait se révéler fructueux pour mieux comprendre l'art médiéval. D'autres ont été plus réticents et ont souligné que ce qui pouvait être utile pour tel ou tel dossier, ne l'était pas forcément pour tous. D'autres encore - moins nombreux - ont refusé le recours à toute idée de programme et ont dénoncé sont anachronisme.
Les Cahiers du Léopard d'Or sont heureux de publier les actes de ces journées d'étude très fécondes. Non seulement ils apportent une réflexion neuve sur un mot et un concept controversés, mais ils posent également des questions essentielles pour toute étude de l'art du Moyen Âge. Qu'est qu'un commanditaire, un maître d'oeuvre, un chantier, un atelier ? Qui décide vraiment du programme et comment le met-on en oeuvre ? Pourquoi existe-t-il tant de programmes - ou supposés tels - qui sont modifiés en cours de route, ont été détournés de leurs buts, n'ont jamais été achevés ? Comme toute liste, comme tout recensement, comme tout système, le programme médiéval est-il fait pour ne pas être conduit à son terme ?